PIED DE NEZ

EMELINE DEPAS & CLEO TOTTI

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Dans le cœur du quartier Bascule (près de l’Avenue Louise, l’Avenue Molière et la Chaussée de Vleurgat) la Galerie Rivoli est un point de repère architectural de la fin des années 70 et était initialement conçu pour être un centre commercial de luxe. Après avoir été oubliée pendant des années, il vit maintenant une vie nouvelle animée grâce au nombre d’artistes, galeries et producteurs d’art qui se sont installés dedans depuis 2013.

 

Le tableau est commercialisable, l’image mangeable, les corps se font dévorer par les yeux des hommes les plus subtils. Des femmes et des hommes s’identifient à des images retouchées, des images aussi fausses que composées, pornsoft. Marketing du corps, de la nourriture, d’un style de vie, animent les écrans de nos téléphones sur lesquels nous pouvons rêver nos vies. Au point de s’endetter et de contrôler le moindre geste pour faire apparaître une image aussi séduisante qu’artificielle. L’humain cours après un idéal qu’il ne peut s’offrir, contraint à l’aliénation. Marché du corps. Dixit :« Je bois mon milkshake à 6 euros assise par terre comme un clodo avec mon pantalon Gucci et mes escarpins Dior, c’est cool ! » Image/ phantasmes, une vie de luxe : champagne à flot, jambes parfaitement épilées, ongles en polyester transparent rythment les flux d’images scrollées. Ensorcellement capitaliste de l’image…

 

Dans ce contexte, nous avons relié nos deux pratiques, du dessin, de la peinture et de l’intervention sur image.

 

Nous nous inspirerons du setup des agences immobilières, les fiches des maisons à vendre seront remplacés par des images trouvées sur un Instagram d’un magazine de mode Russe.Les formats seront agrandis de « screen shot » repeints et sur lesquels nous interviendront avec de la matière, de la peinture, du dessin entre image et photographie. Reprise d’une sélection d’images ultra esthétisées. En quantité, elles feront références à la masse envahissante de l’image d’un rapport au monde.

 

Sur une proposition de Stijn Maes (KRIEG).

 

 

Emeline Depas (Liège, 1987), vit et travaille entre Bruxelles et Athènes.

Après un passage au KASK, elle est diplômée d’un Master en peinture à La Cambre.

Dernièrement, elle a participé à «Biennale van Belgie» à Gand et « Under the Ivy » à Komplot, Bruxelles, ainsi que des projets à l’étranger, «Body Works» à la State Art Gallery de Sopot, Pologne. Depuis 2014, elle a été invitée à présenter son travail dans plusieurs expositions solos, dont la dernière en date, en 2018, s’est tenue à Sub Rosa Space à Athènes. Elle s’est aussi engagée depuis 2014 dans des projets curatoriaux, «Les Sept Périls Spectraux», son dernier projet à Paris.

 

« Emeline Depas confisque volontiers des images qu’elle détourne et ampute pour recomposer son propre univers. »

Claude Lorent

 

« Emeline Depas dessine, peint, découpe et recompose des éléments iconographiques tirés de l’amoncellent d’images véhiculées par notre époque. Les références pourtant se perdent ou basculent, bégayent et tendent parfois vers l’abstraction. L’enjeu porte sur les procédés susceptibles de faire image, l’atermoiement des formes ou leur suspension. Parallèlement aux compositions aux accents pop et riants qui caractérisent nombre de ses collages et tableaux, l’artiste s’engage aujourd’hui dans une recherche plus formelle, mais non moins sensible, sur les tensions que peut générer la relativisation du rapport classique entre sujet et fond. »

Benoit Dusart – Brussels, 2013.