“Accidental Colors” à Turnhout

Les « couleurs accidentelles » désignaient au Moyen-âge les couleurs dont l’essence semblait d’origine mystérieuse. Les tissus moirés, les métaux comme l’or, le cuivre et l’argent, les pierres, le verre coloré, incarnaient le sacré dans le matériel liturgique, et certaines images, comme les icônes, rayonnaient d’une aura épiphanique. Le paradoxe de cet état d’esprit résidait dans le fait de considérer l’immatérialité comme résultante de la matière constitutive de ces ornements. La cou- leur était alors considérée sous l’angle de la substance, véritable enveloppe matérielle enveloppant les corps, ou fraction de lumière divine.

De même, les plumes d’oiseaux et de papillons, certaines peaux de reptiles ou certaines plantes, semblent contenir plusieurs couleurs à la fois, iridescences générées par les mouvements même de l’animal ou le souffle de l’air sur les végétaux. Les couleurs insaisissables que l’œil ne pouvait appréhender et ne conserver que furtivement – comme celles de l’arc-en-ciel aussi – étaient per- çues par l’homme du Moyen-âge comme énigmatiques, voire magiques. De plus, l’animalité et son apparence étaient le support de nombreux récits imaginaires, dans les bestiaires médiévaux par exemple, ce qui accentuait leur charge fantastique.