Né en 1987, France

La plupart de mes projets traitent du même sujet : appréhender le lien compliqué qu’entretiennent les gens avec les images : entre ce qu’ils voient et ce qu’ils veulent bien croire, ce qu’ils en retiennent. Quelle est l’influence de notre “éducation visuelle” sur notre rapport à un paysage, un espace, au monde ?
Je considère le dessin comme un médium franc et direct qui peut organiser et/ou déclencher de la pensée au même titre que l’écriture (il y a d’ailleurs des pensées que l’on ne peut formuler avec des mots). Le dessin permet de réfléchir sur la réalité visuelle qui nous entoure.
J’essaye toujours de faire en sorte que mes dessins ne soient pas uniquement accessibles à un public familier à l’art contemporain mais également à un spectateur moins averti dont le rapport à l’image est tout aussi légitime.
Je m’intéresse à la façon dont l’image est pensée, organisée, mais également à la manière dont elle est perçue, ressentie.

Toutes ces recherches m’ont mené au travail actuel qui porte sur la question des images mentales : celles qui apparaissent lors de la lecture d’un texte ou celles que notre cerveau construis pour nous projeter des lieux dans lesquels on est jamais allé. Ces représentations mentales sont en général le produit d’un mélange de sources diverses :

  • médias (cinéma, TV (JT, séries, documentaires etc.), journaux, internet etc.)
  • sources personnelles (descriptions de bouches à oreilles, photos et film de vacances de proches, cartes postales etc.)

Belgium est une série de dessins basée sur des descriptions “d’images mentales“ de la Belgique.
Elles ont été rédigées par des personnes de nationalités, milieux sociaux et âges divers qui ne sont jamais venues en Belgique. Ils m’ont été transmis suite à une requête de ma part sur divers forums internet.

À partir de ces textes, je recrée un espace en maquette. Cette maquette me sert de modèle pour mon dessin. Ce procédé de modélisation me permet de conserver une ambiguïté : est-ce un espace réel ou imaginaire? Le point de vue, l’éclairage et la juxtaposition de certains éléments nourrissent cette ambivalence.
Le but de ce projet n’est pas simplement d’illustrer ces textes mais de questionner nos moyens de communiquer nos pensées visuelles : est-ce réellement possible de les représenter? Devons nous nécessairement passer par le langage pour pouvoir les exprimer? Sommes nous dans une solitude constante dans notre rapport à l’image?
Chaque dessin est réalisé avec un médium différent dans un but de recherche : y a-t-il un médium plus apte qu’un autre pour représenter nos images mentales?

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